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Shuen-git Chow 2006

 

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inactiveTopic WRITINGS topic started 24.10.2004; 11:58:41
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user Etienne - WRITINGS  blueArrow
24.10.2004; 11:58:41 (reads: 3507, responses: 0)

http://www.blackpunkt.de/bp_top/Abteilungen/stockpile/Veteranen/html_Seiten/DVtxt_frz_ShuenGit.html

article : Die Veteranen cd-rom, 1996

Shuen Git
sur "Die Veteranen"
le premier page Die Veteranen

DIE VETERANEN s’ouvre avec une musique de jazz pétillante, l’écran se décompose rapidement en petits carrés de mosaïque et nous révèle un photomontage en-dessous avec trois hommes qui nous regardent assis autour d’une table. Celui de gauche a une main sur un vélo de course à l’avant-plan, et un ordinateur notebook sur la table. Si nous cliquons sur le vélo, un timbre de sonnette à l’ancienne retentit. Celui de droite a un appareil Polaroïd dans les mains, il porte une casquette de marin, prend une photo et celle-ci est éjectée de l’appareil. Celui du milieu ne fait rien, mais, quand nous cliquons sur lui, il sort un paquet de cigarettes et commence à fumer. Derrière lui est une image fractale, nous cliquons sur l’image, et voilà une grande photo, portrait d’un homme au cheveux longs qui s’envole, monte et redescend aussitôt en un mouvement flottant.

Quand nous cliquons sur n’importe laquelle des trois personnes, les deux autres disparaissent et le nom de celui qui reste s’affiche en bas. Nous entrons donc dans la séquence de cet artiste. Parmi les centaines de scènes de ce cd-rom, il est toujours intéressant de les redécouvrir au fur et à mesure. Je sélectionne certaines scènes représentatives de chaque artiste à titre d’exemple pour montrer leurs propos artistiques,
leurs styles plastiques et leurs vocabulaires personnels respectifs.

Le travail de KP Ludwig JOHN, qui a un ordinateur devant lui, s’ouvre avec une série d’objets et de symboles qui viennent
vers nous comme des météores, basés sur une image de la machine de bandit manchot de Casino.
Au lieu de trouver des oranges, des citrons et des cerises, ces symboles sont les suivants :
un drapeau rouge à l’épée, un volume sculptural en forme d’« E », des petits carrés violets disposés librement dans
un groupe, un microphone, une feuille d’arbre de couleur rouge et vert vifs. Ces symboles tournent vers nous avec un bruit de fond électronique comme celui du bandit manchot. Si nous cliquons sur n’importe lequel d’entre eux, ils s’arrêtent tous les trois formant ainsi une rangée de trois motifs identiques et nous entrons donc dans la lecture d’une séquence représentée par ce motif. Chaque motif nous amène à un jeu, un poème, ou des cartes postales électroniques et les lecteurs peuvent composer une bande de son pré-enregistrée. Ces entrées nous permettent aussi d’accéder à l’œuvre des trois, ainsi qu’à celle d’un quatrième qui n’était pas dans la photo du début. Les quatre chemins de lectures sont interconnectés, les uns entrecroisant les autres.

Le photographe, Michael TOUMA, avec un appareil Polaroïd, ouvre sa séquence avec une scène dans un café. Une feuille de papier avec quelques notes est posée sur une table à côté d’une tasse de café. Quand nous la prenons, en cliquant sur elle, nous avons un zoom qui rend le texte lisible. C’est un poème de T.S. Eliot, Das wüste Land . Ce texte est imprimé et non pas manuscrit. Encore une fois, nous cliquons, et nous pouvons choisir l’allemand ou l’anglais. Une voix d’homme le lit en même temps pour nous. Depuis la scène du café, nous pouvons voir deux tableaux accrochés sur le mur. L’un, fait d’images de synthèse, représente une nature morte : une chope, deux verres dont un seul contient du vin rouge, un jeu d’échecs, une lampe, une montre de poche. Ce tableau s’appelle STILL LIFE (la nature morte), et nous l’apprenons par une autre séquence, celle de Stefan EICHHORN, le quatrième artiste qui n’est pas dans la photo. Il est informaticien et s’occupe de tout ce qui concerne le logiciel pour ce cd-rom. Quand nous cliquons sur les verres de vin, le vin dans le verre de droite provoque une fissure, en cliquant une deuxième fois, le vin rouge devient bleu. Quant au verre de gauche, si nous cliquons une fois, le verre glisse vers nous, son pied devient mou comme une mince rondelle de gelée, le verre glisse et tombe par terre, alors nous entendons le bruit cristallin du verre qui se brise. La montre indique le temps réel, les pièces de l’échiquier sont vivantes, le cheval hennit, et la tête du fou se déploie comme un parapluie. Quelques bulles parfaitement rondes, transparentes comme faites de verre, sortent de la chope et s’envolent vers le plafond avec un bruit de pétillement. Ce tableau semble obéir à certaines règles étranges. Après un certain temps, si nous cliquons correctement sur un endroit précis, d’énormes pièces de monnaie en or tombent d’en haut, sonnantes et trébuchantes, et le tableau se change en une autre scène. Dans la scène du café, nous pouvons également regarder par une grande fenêtre-vitrine. Le graphisme est simple comme un dessin animé fait au crayon gras. A part le chant des oiseaux et un gros plan de ces oiseaux blancs, nous voyons quelquefois un homme aux lunettes noires qui porte un imperméable classique et un chapeau. Il passe devant la vitrine, et il repasse encore. Si nous cliquons sur lui, nous arrivons à la scène nommée : Warte bis es dunkel wird  (Attends qu’il fasse nuit ) .

Les séquences de TOUMA sont souvent des tableaux énigmatiques qui suggèrent des idées philosophiques. TOUMA écrit au sujet de son œuvre, Le Troisième Homme  : « Bienvenue au Troisième Homme ; peut-être vous demandez-vous qui est le troisième homme dans ce jeu d’ordinateur, y-a-t-il un signe qui peut nous mener au troisième homme ? Eh bien, les raisons pour lesquelles j’ai choisi de nommer mon travail le troisième homme sont philosophiques. ». Il cite aussi Das wüste Land / The Waste Land (La Terre Dévastée) de T.S. Eliot dans l’introduction d’une autre séquence : « Qui est cette troisième personne qui marche toujours à côté de toi ? Quand je compte, il n’y a que nous deux, toi et moi. Mais quand je regarde devant moi sur le chemin blanc, il y a toujours un autre qui marche à côté de toi, glissant, enrobé dans une cape brune, la tête dans la cagoule et je ne sais pas si c’est un homme ou une femme. Mais qui est celui qui est de l’autre côté de toi ? » TOUMA emploie souvent des graphismes pour ses tableaux narratifs. Il travaille avec des stills venant du cinéma, ses dessins sont lyriques, faits de tons doux, pastels, des figures humaines sont montrées en fondus enchaînés lentement. La bande de son qu’il a choisie est apaisante pour les dessins pastels, et dramatique pour les clips empruntés au cinéma avec des sons de la ville, des voitures qui freinent brusquement et crissent. Ces bandes de sons enrichissent et complètent les constructions poétiques directement sans trop de tournures de dérision.

Tjark IHMELS, qui fume une cigarette dans la photo du début, présente des séries de cartes postales musicales. J’appelle ces compositions « cartes postales » malgré le manque d’indications de l’artiste, parce que le format et les éléments dans ces compositions me semblent convenir pour une carte postale. Sur l’écran, elles sont de cette taille. Les détails dans ses compositions ne se prêtent pas à un agrandissement, tandis que, par exemple, dans le cas des tableaux de TOUMA, ils peuvent être facilement agrandis plusieurs fois. Ainsi, je constate que ce sont des œuvres d’art électroniques et musicales en format de carte postale. Ce sont des compositions interactives dans lesquelles les lecteurs peuvent cliquer partout sur la surface, et des rythmes électroniques démarrent à la suite de chaque touche. Suivant la direction du mouvement, il peut y avoir plusieurs rythmes entrecoupés formant ainsi une suite sonore et visuelle. Le graphisme est architectural, net. A part sa présentation esthétique, un de ses charmes se trouve dans les surprises visuelles provoquées par le mouvement de souris des lecteurs. Par exemple, dans une de ces cartes, le graphisme est une pile de petites mains qui sont identiques au symbole de la souris. Le lecteur se perd tout d’abord dans la foule des petites mains : ces dernières s’agitent suivant une mélodie simple composée de quatre notes de piano. Elles dansent ensemble sans chorégraphie particulière pendant quelques secondes, et puis dans un cercle avec une seule main au milieu. Le tout avance vers le bord de la carte et disparaît, laissant la main qui est le symbole de la lecture toute seule sur la carte. Et rien d’autre ne bouge, donc, la petite main du lecteur ne peut que trouver une issue et quitte la scène également. D’autres interactivités inattendues s’offrent à nous : quand nous glissons la souris vers la gauche, le graphisme qui suit vire vers la droite (le graphisme réagit suivant une pré-programmation). Et quand nous glissons la souris à une vitesse normale, nous ne voyons pas du tout de traces de notre mouvement, jusqu’au moment où nous déplaçons très très lentement la souris ; nous voyons alors une légère trace marquée par des séries de lettres « A ». Nombreux sont les jeux humoristiques de sons, de tailles et les styles de la typographie. Ces compositions graphico-musicales sont accrochées au mur dans une galerie virtuelle dans une scène liée à d’autres œuvres.

Dans la galerie virtuelle, sont accrochées aussi des œuvres de TOUMA. Nous pouvons entrer dans tous ces tableaux accrochés au mur. Toutes les œuvres sont accessibles par divers points d’entrée qui se situent dans des séquences d’autres artistes, bien que chaque artiste ait son point de départ indépendant. Il y a une scène dans ce cd-rom de TOUMA que je trouve difficile à classifier, mais je pense qu’elle relève d’une certaine catégorie de mystère : elle s’appelle : « Warte bis es dunkel wird  » ( Attends qu’il fasse nuit ). Le bonhomme en chapeau, précédemment évoqué, passe devant la vitrine dans la rue de la scène du café. Il passe également dans le KINO (cinéma), à un coin de rue et il est aussi représenté sur une affiche. Acteur principal dans le film Das Vierte Man , l’homme au chapeau partage en alternance le même emplacement d’affiche avec Orson Welles dans son film, Das Dritte Man. Dans notre séquence « Warte bis es dunkel wird » , dans le vent, le froid, l’homme au chapeau attend dans une rue vide. Dans le fond on voit deux immeubles de logements populaires à deux étages en forme de blocs des années quarante. Un arbre pousse entre les deux blocs. Des avions s’envolent dans le ciel avec un bruit infernal. Quelques oiseaux noirs passent également et les lecteurs peuvent pointer la flèche de la souris sur ces oiseaux, tirer sur eux et les désintégrer en plein air. Quand cela arrive, l’homme tourne la tête et nous regarde un instant. Des déchets de feuilles de papiers volètent au sol. Un chien aboie au loin. L’homme regarde sa montre de temps en temps, il ne fait rien. Quelquefois, il fait claquer la pointe de sa chaussure, peut-être d’impatience. L’ombre du lampadaire dans la rue devient de plus en plus longue, et le ciel s’assombrit. Rien ne se passe. Finalement, nous cliquons sur le lampadaire de la rue, et il s’allume. L’homme attend encore un petit peu, s’avance vers la droite de l’écran et disparaît. Si les lecteurs n’interviennent pas sur l’écran, après un certain temps, le ciel devient sombre, l’homme s’avance vers la droite et disparaît également. Ludwig JOHN explique que cette une scène montre d’une manière franche l’idée : « Que nous avons un temps disponible pour faire quelque chose, et que si nous faisons quelque chose ou pas, le temps disponible est limité et il ne dure pas indéfiniment. » . Cette scène me semble naturelle sans trop appuyer sur le sens de l’histoire. Elle est libre et se prête à diverses interprétations. Cette qualité est à l’opposé des scènes de PUPPET MOTEL où tout semble avoir un sens caché qui est en harmonie avec son thème de mystère et d’ombres comportant des éléments inconnus. Une scène de surprise est réservée aux lecteurs audacieux dans la séquence de KP Ludwig JOHN. C’est une scène de tauromachie où un microphone est connecté à l’ordinateur. Les lecteurs sont invités à effectuer un changement sur la scène en cours : le matador n’arrive pas à mettre le taureau à mort. Comment l’aider ? Si les lecteurs ne font rien, la scène reste bloquée. Il faut suffisamment augmenter les décibels de son dans le microphone pour faire basculer la scène. Dans l’exposition, il n’y avait pas beaucoup de sons inventifs, et le matador est resté longtemps coincé avec le taureau. La structure d’organisation des séquences de

KP Ludwig JOHN, composée de jeux de sons, d’énigmes, de poésie, est calquée sur l’image d’une machine de bandit manchot. Cette image est très visible et facile à retenir et elle symbolise une idée de la chance. La machine bandit manchot et la carte postale musicale sont des structures qui portent bien des Entrouverts. De nouvelles séquences peuvent être infiniment ajoutées sans déranger la structure elle-même. Tandis que dans le cas de STILL LIFE et le café pour Der Dritte Man , les structures sont symboliquement pleines parce qu’elles existent comme des tableaux auto-suffisants. Tout Entrouvert ultérieurement ajouté nécessite une manipulation substantielle nouvelle de la structure organisatrice de départ.

© Shuen Git 1996





Last update: Thursday, July 7, 2005 at 2:16:20 PM.